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 Ainsi parle l’esprit de la plante

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raphaël

raphaël


Messages : 1563
Date d'inscription : 03/04/2008

Ainsi parle l’esprit de la plante Empty
MessageSujet: Ainsi parle l’esprit de la plante   Ainsi parle l’esprit de la plante Icon_minitimeVen 1 Nov - 16:38

Un bon livre pour découvrir le chamanisme de l'ayahuasca.

Notes de lecture :



Ainsi parle l’esprit de la plante
Jean-marie delacroix
2000


L’ayahuasca provoque un élargissement du champ de la conscience permettant ainsi de voir et d’aiguiser ce voir en épurant le corps physique et le corps énergétique
Elle guérit par la purification et, à partir de là, elle rend plus clairvoyant
Quand elle est absorbée selon les règles traditionnelles ancestrales, cette plante mène sur le chemin de l’Esprit
Ce n’est pas dieu qui crée la forêt ; c’est la forêt qui crée dieu
Ainsi parle Octavio
Octavio est chaman
Il appartient à un groupe appelé shipibo, vivant en amazonie

L’ayahuasca, la Madre, la plante-mère:

Elle met celui qui l’approche et l’absorbe face à lui-même, à sa vérité, à ses illusions avec fermeté et parfois avec violence
Le passé, le présent, le futur sont révélés avec la sauvagerie de la grande forêt amazonienne
C’est l’Esprit de la Plante qui agit et transforme et non ce que les scientifiques appellent le principe actif
La plante ne peut être abordée qu’avec respect et selon les rituels inscrits depuis toujours dans la médecine amazonienne traditionnelle, puisqu’à travers elle, c’est l’Esprit de la nature et de la Terre-mère que nous absorbons
Le Grand Esprit, celui de la forêt, de l’univers l’habite, lui donne sa particularité et la sacralise
Une plante sacrée est une plante qui est reliée au Tout, et qui est reliante
Elle va relier ce qui est séparé, reconstituer la globalité de l’histoire, de l’organisme, du champ organisme-environnement
C’est une liane, et une liane monte, descend, tombe, va d’un arbre à l’autre, d’un espace à l’autre
Elle joue avec les espaces et défie toutes les logiques architecturales
Elle agit sur tous les niveaux de l’être humain et sur son rapport avec les environnements proches, lointains et invisibles
C’est la Madre, la plante-mère qui révèle les connaissances inscrites en nous, mais occultées, en même temps qu’elle introduit à la connaissance
C’est une plante inspirée et inspirante
C’est d’elle que dieu émane, en même temps que dieu en est le principe essentiel
Elle contient dieu, ouvre le chemin qui mène jusqu’à lui, fulmine face aux errances et aux illusions qui éloignent de lui
Quelquefois , elle le révèle de façon inattendue et sous des formes terriblement sauvages
C’est aussi la plante qui psychanalyse sans langage verbal ni divan, sans interprétations ni projections interprétatives, sans transfert ni perte de temps, d’argent et d’énergie dans d’impossibles transferts et contre-transferts, sans théorie ni métapsychologie, sans souci de vérifier sa théorie ni querelles d’écoles
Elle psychanalyse tout simplement en s’infiltrant dans l’organisme et en élargissant les portes de la conscience, en donnant accès au non-conscient
Mais en même temps elle va au-delà de la psychanalyse
En effet, pour elle il n’y a pas d’inconscient, mais seulement du non-conscient, de l’invisible et des mémoires prêtes à révéler leurs secrets
Elle ouvre les portes jusque-là fermées
Ces portes sont celles de l’expérience vécue et ressentie d’abord à travers le corps et le système sensoriel
Elle ouvre la matière
Elle agit sur ce qui est visible, palpable, sur les niveaux les plus primaires, les plus basiques de l’être humain
Elle est sage et commence par le commencement
Cette matière basique, c’est le corps, ses organes, ses fonctions, ses cellules
Et l’invisible de l’univers inscrit dans les cellules va alors commencer à se révéler
Dans sa sagesse elle agit sur la matière corporelle, et non sur le langage qui souvent, n’est qu’agitation sonore, ou rationalisation sur l’expérience, ou encore profanation de l’esprit
Elle est la clé qui nous apprend que la matière corporelle est le lieu de toutes les mémoires de l’humanité et de l’univers et la clé qui ouvre ces mémoires

On dit d’ailleurs que la plante signifie à celui qui la prend qu’elle l’accepte à partir du moment où elle lui donne des visions de serpents

Qu’ai-je donc à vomir, à rejeter de ma vie, de mon histoire ?
Qu’ai-je accumulé qui demande une purification du corps et de l’âme ?

Le chemin qui conduit l’être humain vers l’Esprit commence dans et par la matière
La première matière qui nous constitue en tant qu’être humain et qui nous donne notre sentiment d’existence, c’est le corps
Corps-matière, physiologie, organes, cellules
Nous aspirons à la lumière, à la sérénité, à la vacuité, à tout ce qui peut créer en nous cet espace disponible et propice pour recevoir dieu
Et cela se fait d’abord par le corps-matière
Le corps-lumière et le corps-matière sont un seul et même corps
Le corps-matière est le réceptacle, le support de l’Energie et de la Lumière
Mais notre histoire est telle que le corps-matière est obstrué et ne peut plus vraiment jouer son rôle de porte-lumière
Tout au plus , quelquefois, nous donne-t-il accès à la luminosité ou à la sensation que la luminosité existe
Nous savons que toute notre histoire est inscrite dans notre corps physique, notre histoire post-natale et pré-natale, l’histoire familiale, l’histoire de la généalogie
L’ancêtre a laissé sa marque dans chacune de nos cellules
Et notre vie quotidienne, notre manière de dire bonjour , d’aimer, sont façonnées par nos inscriptions corporelles
Nous avons besoin d’une épuration profonde pour libérer le corps-matière des résidus de l’histoire
Dieu est au bout, et la souffrance, c’est de le pressentir sans pouvoir ni l’atteindre ni le rencontrer
Le chemin qui mène à l’Esprit passe par la psychologie qui nous invite à la réconciliation avec l’histoire
La souffrance c’est aussi de se sentir happé par la force d’inertie qui nous tire vers le bas, alors que la petite étincelle en nous ne demande qu’à devenir lumière
La conscience est là pour nous permettre d’abord de mettre en évidence les messages du corps
Ils sont les messages que les dieux nous envoient pour nous signifier qu’ils existent bien, mais aussi que nous les avons oubliés et que nous les remplaçons par des idoles : biens matériels, voiture, sexe, compte en banque, mais aussi orgueil, sentiment de supériorité, vanité

Deuxième prise d’ayahuasca:

Le poids sur l’estomac revient
Et commence le combat
Combat avec la plante, avec le corps souffrant, avec moi-même
Le boa est là, à l’intérieur de toi, lové au creux de ton estomac, coincé
Il ne peut trouver son expansion et répandre son énergie dans ton corps
Nourris-le de l’ayahuasca afin qu’il puisse remplir sa mission à l’intérieur de toi
Je ne suis que souffrance et je me sens terriblement seul avec cette souffrance
Je me vois rabougri, misérable, abandonné
Alors vient la tentation d’abandonner
Il y a à côté de moi , un récipient, prêt à recevoir ce qu’il y a à rejeter
Mettre la tête dans ce récipient c’est commencer à rentrer dans le boa
Et c’est terriblement nauséabond
Mon refus est aussi fort que la souffrance
Plus le refus est grand, plus intense est la souffrance
Rentrer dans le corps du boa en mettant la tête dans le seau pour vomir c’est là l’épreuve initiatique
Rentrer à l’intérieur pour rejeter, nettoyer, épurer
C’est le rituel de l’engagement
Il n’y a pas de transformation intérieure sans engagement
Sinon, c’est l’emprise séductrice de l’illusion

L’apaisement s’installe et avec lui s’impose le sens
De la crise de sens jaillit le sens
Je vis pleinement dans mon être que l’ayahuasca est une plante de feu
Elle en a la violence, la passion, la sauvagerie et la capacité de destruction
Elle me fait comprendre qu’elle s’est manifestée avec toute la fougue du feu en moi pour m’épurer des énergies négatives qui polluent mon corps et mon âme
Elle m’a offert un grand rituel initiatique : le baptême du feu
C’est pour cela qu’il me fallait rentrer dans le corps du boa
Je suis heureux, je vais pouvoir retrouver mon feu intérieur
Il m’appartient maintenant d’en faire quelque chose et de le mettre dans l’amour des autres
Je pense immédiatement à Agnès, ma compagne et à mes filles, je pleure
Et le sens continu m’est offert spontanément comme un cadeau de la plante, comme un alléluia envoyé par le Ciel
Ce boa m’emmène en afrique, à Abidjan
Toute mon histoire avec l’Afrique se met en route
C’est comme un film qui tourne dans tout mon être
Je comprends aussi que c’est en acceptant de rentrer dans le corps du boa que je vais trouver protection contre les mauvais sorts et les entités négatives qui nous entourent et qui cherchent en nous la proie à empoisonner et dévorer

Je rentre dans la chambre en titubant encore sous l’effet de l’ivresse
Le sentier qui me ramène au village traverse la sauvage nature amazonienne
Elle est peuplée, grouillante de vie, d’esprits, de mystère
J’en ressens la plénitude
Une plénitude jouissive
Oui, c’est la forêt qui crée Dieu
L’Esprit de la plante continue à parler
Ce qu’on appelle processus initiatique est un long voyage vers le commencement et les origines
Mais qu’est-ce donc que le commencement et les origines, sinon l’Esprit de Dieu ?
Marcher vers Dieu, vers l’Esprit, c’est aller vers le détachement, le dépouillement, la perte
Perte de l’inutile, du superflu
Perte des écrans qui nous cachent l’origine et qui nous font dévier vers des séductions
Marcher vers l’Esprit, c’est aller vers la mort
Et la mort est d’abord vécue comme souffrance du corps, de la psychologie, de l’âme
La mort c’est la nuit obscure de Saint Jean de la Croix, les tourments de l’âme de tous les grands mystiques
Les chemins vers l’Esprit sont multiples et prennent des formes elles aussi multiples et inattendues
Il est une forme fréquente et terrible : l’amplification de ce que nous portons en nous et qui était occulté, puis la conscience parfois brutale de ce qui était occulté
C’est l’une des formes proposée par le chamanisme
Partir avec notre petit baluchon sur l’épaule puis à chaque halte, regarder ce que nous traînons dans notre petit baluchon, rentrer dans l’effet loupe, et ainsi commencer à contacter l’invisible, le non-révélé

L’invisible qui peuple le corps et l’âme, qui conditionne, qui détermine, qui enferme
L’invisible, celui qui vient d’abord de notre histoire passée, de l’histoire de notre conception, de notre histoire dans le réceptacle maternel, de l’histoire des ancêtres
Notre ego trouve ses bases , ses formes et ses justifications dans cet invisible qui constitue notre psychisme
Il s’en nourrit
Et l’invisible trouve sa jouissance à entretenir et à justifier son élaboration névrotique
L’ego, c’est tout simplement ce que nous sommes chaque jour, dans le quotidien, nos réactions de survie, de défense, de peur
C’est le "je" réagissant, c’est la réaction anti-souffrance, c’est la protection, le rempart contre le feu divin, contre l’amour
C’est aussi le rempart contre le processus de mort, contre l’angoisse de perte, de vide
Il est difficile d’aller vers l’Esprit, vers la transfiguration, car l’ego dont nous avons tant besoin risque fort d’être perturbé et atteint dans ses fondements
Et quand nous sommes en route, la tentation est grande d’arrêter, de regarder en arrière, de revenir au point de départ, de déposer notre petit baluchon et de ne plus jamais le regarder
C’est notre peur de l’engagement et en-deçà d’elle , de la mort qui nourrit la tentation d’arrêter
Mort et renaissance, dans un engagement total dont l’enjeu est la dissolution de l’ego et la terrible épreuve de la traversée de l’enfer
Le processus de mort n’est pas symbolique
La transformation ne se contente pas de symboles
Elle est ou elle n’est pas
Et si elle est, elle est réelle et non symbolique
La notion de symbole a été récupérée par le cartésianisme psychanalytique et elle devient un leurre
Elle entretient l’illusion
Elle fige
Elle fait écran
Les mystiques dans leur crise, les grands malades, les personnes qui acceptent d’aller dans la purification, passent tous par ces étapes de feu qui sont bien réalité et non symbole
Le chemin vers l’Esprit ne se contente pas de symboles et d’analyse des symboles
Le chaman qui reste plusieurs mois seul dans la forêt, en diète et avec les plantes passe par un chemin de réalité qui ouvre à l’invisible
Dans une démarche hors illusion , le symbole est vivant
Il est réalité
Il est incarné
Il fait corps avec le corps et met le corps en crise, en transe avec l’esprit qui l’anime
C’est alors que s’ouvre l’invisible, que le corps physique peut commencer à être possédé par l’Esprit, et non par la sorcellerie de l’ego

On peut changer le destin m’a dit un jour Octavio
Oui à condition d’accepter le passage par la souffrance de la mort
Et pour lui, la plante-maîtresse nous enseigne cela en nous le faisant vivre
Elle donne à chacun un enseignement spécifique et c’est cet enseignement qui est curatif
Le serpent se présente toujours dans les visions données par l’ayahuasca
Lui aussi est une mère qui oriente et enseigne
Pour recevoir cet enseignement, il faut accepter de passer par là
Celui qui veut changer doit se définir et identifier ce qu’il veut apprendre et guérir
L’ayahuasca exige une définition de nous, avant de nous donner une réponse, mais elle peut aussi nous aider à trouver cette définition
Et tout ce processus passe par la purification par le feu

Troisième cérémonie:

La plante me rappelle que j’ai été élevé par des femmes
Où donc étaient mon père, mes frères, mes oncles ?
Elle me fait sentir comment je me suis enlisé dans la séduction de ce monde de femmes
Je vois toutes les séductions, j’entends tous les chants de sirènes qui m’ont emmené dans des mondes de bas niveaux, qui m’ont empêché d’aller dans l’évolution
Toutes ces séductions me laissent dans un monde d’illusions
Il me faut maintenant dire stop, sortir du monde des femmes, sinon je reste dans l’illusion
Tout cela passe dans mon corps, dans mon ventre, mais c’est aussi une souffrance morale
Puis je désire très fortement transformer la souffrance, l’illusion, la séduction
La plante me fait sentir à quel point je me protège
Pour aller dans cette souffrance, il est nécessaire de s’arrêter, de lâcher prise et de se faire confiance
Ensuite la transformation peut venir
Elle m’apparaît comme un immense processus de broyage, de destruction
C’est le broyage de tout ce qui a été conscientisé, vu, ressenti corporellement , accepté comme faisant partie de soi
C’est la déstructuration des mécanismes existentiels
Et c’est cela la mort : une immense machine qui va broyer et déchiqueter le superflu, l’inutile
Ensuite, rien ne peut plus être comme avant
Immédiatement après, je sombre dans le chaos
Je ne sais plus qui je suis, où je suis, avec qui, pourquoi
C’est la déstructuration
Tout est sens dessus-dessous
Plus rien n’a de sens
Je suis le chaos
Je fait partie du grand chaos universel et je n’en éprouve aucune souffrance
Pour aller dans la transformation , il faut une très forte motivation et beaucoup de courage
C’est en vomissant mon amertume intérieure que mon cœur va s’ouvrir
Le chemin vers l’Esprit est d’abord un chemin vers l’incarnation
S’incarner, accepter la chair, le corps, la matérialité de l’Etre
C’est sans doute l’une des tâches les plus difficiles de l’être humain
Le corps est le réceptacle de l’Esprit, le temple de la divinité, comme il est dit dans plusieurs traditions
Les choses les plus simples sont les plus proches de l’Esprit
L’incarnation se fait à travers les retrouvailles avec le simple
L’enracinement passe par l’incarnation
Sinon c’est la confusion
Et l’état de confusion entretient et alimente les séductions, les tentations
Les multiples sirènes de la vie nous coupent du bas de notre corps et nous entraînent dans ces mondes glauques des dessous de l’eau
Sexe, drogue, possessions matérielles, pouvoir ; voilà autant de séductions auxquelles on risque de s’identifier complètement
L’incarnation c’est aussi l’acceptation de nos racines et de nos origines
Nous appartenons à une culture qui est inscrite dans tout notre être, y compris dans nos cellules
Pour se développer et croître, une plante a besoin de s’enraciner en une terre et un lieu qui lui sont propices, qui correspondent à sa nature
Essayez donc de planter un pommier au pôle nord !
Mais il arrive qu’à partir d’un greffon d’une espèce différente , on crée une nouvelle et magnifique plante
Le greffon ne peut laisser sa marque que sur une plante qui est bien enracinée chez elle
L’incarnation c’est aussi l’enracinement dans la famille, dans l’histoire familiale
Le premier jardin dans lequel nous avons pris racine, c’est le ventre de notre mère
Et les racines n’ont pu exister et se développer que grâce à la rencontre de deux lignées, deux généalogies


Va voir ce qu’il y a de l’autre côté de la peur
L’engagement dans le lâcher-prise est une expérience globale, totale
L’hésitation peut, si elle est conscientisée et acceptée, devenir le prélude à cet abandon des contractions et peurs habituelles
L’hésitation peut être refus de l’âme, refus de l’être
Elle peut être aussi ce moment où l’être mobilise toutes ses énergies, toutes ses ressources pour plonger, pour se laisser aller dans quelque chose qui est comme la chute
L’abandon dans le lâcher-prise est parfois la crise de l’incarnation, c’est-à-dire le passage de l’illusion et de la séduction à la vérité de la sensation et du corps
L’abandon total du lâcher-prise précipite l’être humain dans cette chute vertigineuse
C’est le trou noir, le vide
Et pourtant cette chute provoque un renversement
De l’autre côté du tunnel , il y a l’homme nouveau qui entrevoit la transformation, qui entrevoit que ce corps si souffrant, si marqué par les résidus de l’histoire, est aussi un corps marqué par la vie, en quête de lumière
Et de l’autre côté il n’y a pas que l’enfer
Mais le passage par l’enfer est l’antichambre de la lumière, et quand la purification est suffisante, le feu transforme sa brûlure en lumière
Le corps-lumière peut alors advenir
Le serpent de l’ayahuasca est à la fois celui qui tente et celui qui guide sur le chemin du renversement de la chute
Le lâcher-prise implique un engagement total de la personne
Arrive le moment crucial où l’être est tellement aux prises avec sa souffrance , se sent tellement petit, misérable, dans la mort, qu’il n’a plus rien à perdre et il lâche
C’est le grand saut
Alors l’écran, le voile, le rempart, la muraille, les protections tombent
Et c’est un peu comme le cri de la naissance
Tout ce processus se vit dans la solitude
Celui qui vient nous rassurer empêche l’évolution
Le processus d’unification intérieur peut alors commencer
Progressivement l’être devient un, les morceaux éparpillés se rapprochent : le corps, ses sensations, les nœuds de l’histoire, l’émotion, la souffrance et l’impulsion à changer, le désir, la peur, la mobilisation et sans doute aussi la confiance, une confiance primordiale en la vie et en la lumière
Tous ces éléments sont condensés, cristallisés en un instant, en un corps, en un lieu, en une personne
Tout est là en même temps
L’être humain est rassemblé en une grande crise de l’être, unifié dans et par les éléments du chaos qui s’organisent en une seule et même forme
L’un passe par cette gigantesque crise
Tout se cristallise en un point, en un centre, en une énergie unique

Toutes les facettes du cristal se rassemblent en cette création unique, essentielle, en un cristal qui va trouver son éclat, sa transparence, sa limpidité
Merveilleux processus qui réconcilie avec la vie et la mort

Pour les traditions chamaniques, tout est signe, tout est langage
La nature, les arbres, les plantes, les animaux, les minéraux
Il suffit de regarder, d’écouter, de s’abandonner au grand livre de la nature, de la vie et du cosmos
L’Esprit habite la nature et le langage de la nature le révèle
Pour Octavio, la sagesse est une question de concentration, de conscience
Il est complètement là, engagé dans la cérémonie de guérison, tellement là qu’il peut voir et sentir l’invisible à partir des messages du visible
Tellement fort et enraciné dans la présence et la conscience, que part sont intermédiaire, l’Esprit peut guérir
Le processus de transformation est un engagement qui demande que nous sortions du connu, des points de repère et que nous mettions le mental en déroute à travers une sorte de folie dans un univers qui nous plonge dans le chaos
L’occidental a besoin de chocs plus forts que la force de son mental pour mettre ce dernier en déroute, pour le couper de sa route habituelle et orienter l’énergie qu’il absorbe vers plus de conscience
Ainsi, il existe bel et bien des plantes habitées par l’Esprit et dans une grande organisation cosmique, ces plantes ont pour mission de guider l’être humain vers la connaissance
Ce sont des plantes-maîtresses
Et ces plantes sont comme un sage qui dispense un enseignement avec la fougue et la sauvagerie de l’esprit végétal
L’ego est une création de notre histoire
C’est sur lui que reposent nos points de repère
Nous y tenons beaucoup, puisque c’est sur lui que nous avons érigé l’architecture de notre moi et notre sentiment d’existence
Il nous coupe de l’Esprit , de Dieu
Il introduit la grande rupture entre la terre et le ciel, entre l’homme et le divin
Il ne supporte point l’idée de la chute, c’est pourquoi il s’accroche si fort au mental et à l’agir pour se protéger du vide, et c’est pourquoi il s’accroche si intensément à la réaction pour éviter la remise en question et le lâcher-prise
On peut le percevoir comme un sorcier maléfique qui a dérobé le chant de l’Esprit soit pour s’approprier et asservir l’être humain, soit pour lui faire croire que le petit esprit est une finalité

Idelfonso m’apporte l’ajo sacha
Elle va te protéger
En plus elle fait revenir des souvenirs de notre histoire et provoque beaucoup de rêves

Faire le vide, respirer, créer en moi et autour de moi cet espace de vacuité nécessaire au détachement et à la rencontre avec l’invisible

Nos racines plongent profondément dans le terreau de notre histoire
Sans réconciliation avec elle, il n’y a pas d’enracinement possible
La rejeter c’est se couper de nos racines
L’Esprit ne peut s’incarner là où il y a refus de l’histoire et coupure des racines
Tant que le corps et la physiologie n’ont pas révélé quelques-unes de leurs inscriptions, l’enracinement n’existe pas ou est partiel

Le pardon est l’aboutissement d’un long processus, il ne peut advenir qu’après l’épuration du corps, de l’histoire, mais aussi de nos perceptions et de nos croyances
Et cela passe par la prise de conscience que notre perception est faussée par les résidus de l’histoire


Le Rien est aussi grandiose que les visions les plus extraordinaires
Pas de séductions , pas d’illusions, pas de jeux d’images et de représentations
Etre tout simplement là, dans et avec le rien
J’accepte ce rien

L’être humain est ainsi fait qu’il a toujours besoin de remplir, d’amasser, de combler, de comprendre, d’agir
Ainsi, le rien , le vide qui préparent l’état de vacuité ne peuvent jamais apparaître et s’installer
Pourquoi semblent-ils si terribles ?
Vivre le rien, le rencontrer, l’incarner
Je ne suis rien, rien ne se passe
Lâcher prise jusqu’au bout du bout
Jusqu’à ce point de non retour qu’est le rien
Peut-être est-ce cela qui fait si peur : le rien en tant que point de non-retour
Mais ce qui fait peur aussi c’est cette terrible sensation de n’être rien
Je ne suis qu’un être misérable face à la grandeur de l’univers, face à la puissance de l’Esprit
Rien qu’un grain de sable perdu dans l’infini du cosmos
Il faut beaucoup d’humilité pour regarder cette face là de l’être humain, l’accepter, la reconnaître
L’humilité vient avec l’épuration, le lâcher-prise, l’acceptation et la foi : l’acceptation d’une force, ou d’un principe qui est au-dessus de nous et qui gouverne l’univers
Et l’humilité vient quand l’ego accepte de céder un peu de place à l’Esprit
La mort de l’ego mène l’être humain vers la béance : parfois je ne sui rien d’autre que cette béance qui me mène face au vide, face à l’insoutenable, l’intolérable
Et ce rien me met face à l’innommable
Face à la douleur et à la souffrance
La douleur et la souffrance sont encore une création de l’ego pour détourner l’attention et l’énergie
Octavio dit : ne fais pas attention à elles
Elles ne sont que des divertissements
Elles peuvent aussi avoir comme fonction de combler le vide
Le vide pourtant est l’espace de l’invisible, de l’innommable
L’espace d’une nouvelle définition de l’être humain


Le travail sur l’enracinement nous renvoie aux origines
Et les origines, c’est Dieu
Le chemin vers l’Esprit passe par le processus de paix avec notre histoire

Point ne serait besoin de passer par les notions d’inconscient, au sens freudien, avec la notion de refoulement
Il n’y aurait pas de refoulement , mais uniquement des évènements mémorisés dans les différentes couches de l’organisme et oubliés, des évènements non présents ici et maintenant dans la mémoire immédiate, mais susceptibles de rentrer dans la mémoire immédiate
La notion d’inconscient au sens junguien me semble beaucoup plus pertinente et ouvrante à la dimension de l’infini, puisqu’elle évoque l’immensité de ce qui échappe à la conscience ordinaire
Jung pose un regard qui va bien au-delà du refoulement en nous invitant à passer par la notion d’inconscient collectif et des archétypes jusqu’à ce qu’il appelle l’Unus Mundi

Quand vous contemplez la pleine lune, vous voyez sa face manifeste et vous savez que de l’autre côté il y a sa face cachée
Cette face cachée n’est pas refoulée
Elle n’est pas non plus dans un quelconque inconscient
Elle est, tout autant que la face manifestée
En ce moment , elle est tout simplement invisible parce que de l’autre côté du manifesté
Le conscient et le non-conscient procèdent d’une forme unique
Il suffit de changer de niveau, d’angle de vue pour voir l’autre face de cette forme
Et nous pouvons avoir accès aux mémoires de l’organisme pour « voir » les différentes facettes du même phénomène et pour avoir la conscience du Tout
Et l’état de transe permet d’avoir accès à quelques-unes des données de nos mémoires
Conscient et inconscient ne sont q’un
Ils sont le Tout

L’énergie c’est la sève de l’Esprit
Et l’Esprit nous fait l’honneur de nous attendre pour dispenser sa sève dans notre corps-matière, afin que celui-ci devienne corps-énergie, corps-lumière

Le corps existe pour donner à l’inconscient, c’est-à-dire à l’invisible, à l’innommable, l’occasion de s’incarner
Il existe pour lui donner des formes physiques
Le corps est matière
Et la matière est le réservoir de tout ce qui est en attente de révélation par l’expérience vécue que cela est immensément plus vaste que certaines conceptions de l’inconscient
La matière et l’inconscient vont se rencontrer par l’intermédiaire de cette voie qu’est le corps
Le corps apparaît comme un lieu de mémoire
Il est l’incarnation de nos origines
La liane des morts enseigne, en révélant à l’être humain les secrets universels gravés en lui
Elle ramène aux origines en commençant par l’origine de la névrose
Elle nous enseigne qu’à l’origine, il y a à la fois la matière et l’Esprit, que nous sommes matière et Esprit et que l’Esprit c’est Dieu
Elle nous montre les chemins d’emprunt que nous avons pris, les chemins de diversion, d’illusion, ceux qui alimentent notre névrose, c’est-à-dire les démons, les monstres qui opèrent une coupure dans notre histoire personnelle et notre quête de l’Esprit


C’est le choc de la rencontre entre l’atemporalité et la temporalité que surgit la conscience
La projection de soi hors du magma noir crée le temps, l’espace et la conscience
Comment sortir de ce magma qui est d’une tout autre nature que celui de la fusion-confusion mère-enfant si nous ne le voyons pas du dedans, si nous ne le ressentons pas dans chaque fibre de notre matière et de notre être, intensément, jusqu’à l’insoutenable ?

L’Esprit est contenu dans le magma, dans le chaos, dans la confusion
Le magma, c’est la matière à l’état brute, la matière potentielle
Et nous sommes à la fois chaos, matière et Esprit
L’Esprit est l’autre face du chaos et de la matière
Il ne demande qu’à s’extirper de la confusion, qu’à jaillir de notre matière corporelle
Et c’est de ce mouvement que naissent la vie et la conscience
Et il nous appartient de cultiver et développer la conscience individuelle et collective
Ainsi nous devenons créateur de la Conscience
Et nous pouvons le faire en cherchant notre verticalité, en redressant notre colonne vertébrale
Sentons cet axe vertical qui nous donne le sens et la direction de l’élévation
Puis utilisons notre attention , notre vigilance pour nous voir , nous regarder, pour devenir observateurs de nous-mêmes en train d’être dans l’instant présent
Le redressement et la capacité de se regarder provoquent l’émergence de la conscience
Le chemin de l’Esprit part du magma, c’est-à-dire des origines
Il s’achemine vers une conscience de plus en plus grande
Partout où est la contemplation est l’Esprit
Nous confondons remplissage et plénitude
Le remplissage est un processus actif pour combler la béance
La plénitude est jouissance de ce qui est , animée par l’Esprit
La contemplation , c’est l’Esprit en nous, jouissant de ce qui est
Et ce qui est nous , est donné par la conscience qui verticalise
Le remplissage nous détourne de l’essentiel

Vomir, c’est rendre à la terre et à l’univers quelque chose qui est en nous et dont nous n’avons plus besoin
C’est demander à la terre de faire son travail de transformation
C’est lui demander de transformer nos déchets , notre névrose, en engrais qui va fertiliser notre terre intérieure pour qu’elle produise une création autre qu’une forme névrotique
Rendre, l’échine courbée non pas par passivité mais par humilité
Rendre, c’est le commencement du détachement

Les ikaros sont comme une symphonie
Ils se mêlent harmonieusement à tous les bruits des animaux et de la nature
Il m’est donné de pénétrer dans le grand orchestre de la nature
Tout avait commencé par des visions de lumières et des scintillements de différentes couleurs dans la chorégraphie d’un incessant mouvement
L’univers est un vaste et merveilleux kaléidoscope aux formes toujours changeantes !


La matière en mouvement est énergie
Et l’énergie est cette vibration, cette force vitale qui pénètre et transforme
L’énergie c’est l’Esprit en action dans le monde et dans l’univers, qu’il s’agisse de notre univers intérieur ou de l’univers extérieur
Le microcosme et le macrocosme fonctionnent selon les mêmes lois et se transforment par l’influence de la même énergie et du même Esprit
Notre corps est l’un des lieux privilégiés où se rencontrent matière, conscience, énergie et Esprit
Tel l’arbre qui s’enracine dans le sol, s’érige vers le haut, il est l’espace intermédiaire qui relie la Terre et le Ciel, qui réunit la Grand-Mère Terre et notre Père du ciel

L’incarnation c’est le processus qui consiste à accepter la matière en nous, à habiter et à aimer notre corps-matière
C’est faire le deuil du paradis perdu
C’est accepter la chute de l’Esprit dans la matière




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Ainsi parle l’esprit de la plante
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